C’est quoi le tolon’omby ?

Le tolon’omby ou savika est à la fois un sport et une pratique ancestrale, réservé aux hommes uniquement, mais apprécié par tout genre et tout âge. Cela consiste à défier un zébu. En effet, c’est devenu un sport national, si avant, c’était tout simplement un rituel qui marquait les grands événements tels que les mariages, les cérémonies des morts, ou encore les circoncisions. A travers cet article, découvrez l’origine et la signification du savika, son importance pour les Betsileo ainsi que son déroulement.
Origine et signification du savika
Cette pratique est originaire de l’Amoron’i Mania (autout d’Ambostira). Savika rime avec deux verbes, qui sont « attraper » et maîtriser », car il consiste à s’agripper à la bof ou aux cornes d’un zébu dans le but de le maîtriser, tout en s’amusant et en faisant une démonstration de force et de virilité.

Il s’agit d’un combat dont la technique se transmet de génération en génération et qui permet à un jeune homme d’être accepté en tant qu’homme responsable aussi bien dans sa famille qu’au niveau de la société. C’est la raison pour laquelle le savika est considéré comme « un rite de passage ». Participer à ce jeu confère aux combattants de se préparer à la vie active et de prendre plaisir au goût du risque.
L’importance du savika pour les Betsileo
Le zébu fait partie intégrante de la tribu Betsileo et se voit dans toutes les circonstances, dans les grands événements de la vie ainsi que dans les us et coutumes tels que les mariages, les naissances, les funérailles, les famadihana ou exhumation. Cet animal est donc omniprésent dans la vie de cette tribu malgache, que ce soit dans le malheur, ou dans la joie.
Bien qu’ils admirent la force du zébu, les hommes Betsileo adorent se confronter à cet animal daske cadre des jeux, en le harassant, en le pliant, en l’étouffant et en le mettant à terre. Le but étant de démontrer qu’ils sont plus forts et supérieurs face au zébu. Pour cela, ce n’est pas rare de trouver des jeunes hommes participer au savika quand ils songent à se marier. En effet, la démonstration de force et de virilité leur permettra de conquérir facilement les jeunes filles.
Par ailleurs, les Betsileo utilisent le savika pour obtenir une terre bien profonde et particulièrement boueuse pour garantir un meilleur rendement rizicole. Comment ça marche ? En fait, ils emmènent les zébus sur la rizière, et montent sur eux pour les exciter. La surprise incitera les zébus à sauter de partout en essayant de se débarrasser des personnes qui montent sur eux, et c’est leurs va-et-vient qui travailleront le sol. Vous aurez donc compris que le savika est loin d’être un simple divertissement pour cette tribu malgache. En plus d’être une activité de démonstration de force, il s’agit également d’une pratique corporelle utilitaire.
De plus, le zébu est pour les Betsileo un élément de survie, c’est pour cela qu’ils s’acharnent pour en acheter. Cet animal représente donc un grand défi pour eux, et la pratique du savika ou lutte contre les zébus est une manière symbolique d’affronter les problèmes et les aléas de la vie.
Le déroulement de ce sport national
Le plus grand tournoi de savika ou tolon’omby se passe en une fois par an à Ambositra, à 250 km au sud de la capitale d’Antananarivo, des hautes terres centrales.

Quand le jeu va commencer, un zébu sera lâché à l’intérieur d’une arène en bois dont la sécurité est assurée par des jeunes hommes qui tiennent des bâtons à la main. Un combattant y entre pour l’exciter en s’accrochant à sa bosse, en essayant de tenir le plus longtemps possible (au minimum 30 secondes) malgré l’agitation de l’animal. L’essentiel est de pouvoir le mettre à terre, ce qui n’est guère facile.
Il y a rarement d’accidents mortels pendant le savika. Sachez, toutefois, que c’est un sport qui se pratique à mains nus, du coup les blessures des participants y sont courantes dont les premiers soins sont généralement assurés par des médecins bénévoles du village. D’ailleurs, avoir des cicatrices suite à une participation au savika est une énorme fierté pour les jeunes hommes Bestileo.
Aujourd’hui, le savika ou tolon’omby est devenu un véritable sport national malgache. Les techniques de cette pratique ne s’apprennent pas, mais se transmettent de génération en génération, notamment de père en fils. Toutefois, plusieurs associations sportives malgaches souhaitent moderniser le savika en y intégrant quelques disciplines dans le but de le faire connaître à travers le monde.