Tout savoir sur les “Zazavavindrano” ou “les filles des eaux”

Comme dans tout pays, l’île de Madagascar regorge aussi d’histoires et de traditions. Les origines de la culture et de la tradition malgache proviennent des différentes civilisations qui sont venues s’installer sur l’île de Madagascar. Parmi les récits qui font la popularité de Madagascar figure l’histoire des Zazavavindrano, traduites littéralement par les filles des eaux ou les sirènes. L’origine des Zazavavindrano ou des filles des eaux diffère suivant les régions de Madagascar. Mais, le fait est que ces mythes tiennent une place importante dans la culture et la tradition de Madagascar. Nous allons vous emmener au cœur de Madagascar à travers la découverte des origines des Zazavavindrano.
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Les Zazavavindrano ou les sirènes : l’histoire
Les Zazavavindrano trouvent leur origine dans plusieurs histoires. L’une des origines des Zazavavindrano puise sa source dans l’histoire des trois sœurs qui se promènent au bord de l’eau et qui trouvent trois œufs de « Tsiketrita » (c’est une espèce de passereau). De retour à la maison, les trois sœurs avaient chacune un projet pour les œufs :
- L’aînée veut cuire son œuf ;
- La cadette pense faire couver l’œuf par une poule ;
- Et la dernière, appelée Faravavy, veut plonger son œuf dans l’étang.
Depuis, les sœurs de la petite dernière se moquent de son projet à longueur de temps. Mais un jour, l’œuf éclos. Faravavy (ou la dernière) s’assoit près de l’étang et commence à appeler : œuf de Tsiketrika, viens à moi, approche-toi de moi. Et de l’eau de l’étang surgit une poule, qu’elle laissa retourner dans l’eau pour revenir le lendemain. A sa grande surprise, le lendemain, la poule est devenue un bœuf.
De leur côté, les parents de Faravavy se demandent pourquoi leur fille s’absente aussi souvent. Pour en avoir le cœur net, ils la suivirent un matin et découvrirent le secret de leur petite dernière. Les parents décident alors de s’emparer du bœuf. Et pour le faire, ils envoient Faravavy chez une de ses sœurs pour une visite. Aussitôt que Faravavy est partie, les parents en profitent pour retourner près de l’étang et commencent à appeler le bœuf en imitant la voix de leur fille. Mais aucune réaction ne vient de l’eau. La deuxième sœur se met à son tour à appeler le bœuf qui sort tout de suite après avoir cru entendre la voix de Faravavy. Les parents de la jeune fille se jettent sur le bœuf et le tuent.
De retour, Faravavy se précipite à l’étang pour voir son bœuf, mais aucun animal ne sort de l’eau. Triste, la petite dernière ne mange plus. Un jour, elle découvre par hasard des os de son bœuf. Bouleversée, elle revient près de l’étang et supplie le sable de l’avaler. Voilà comment sont nées les Zazavavindrano ou les sirènes de Madagascar. Contrairement aux sirènes des contes européens, les Zazavavindrano de Madagascar possèdent une forme humaine avec des pieds. La différence réside dans le fait qu’elles sont invisibles. Leur appellation change selon les régions :
- Andriambavirano ;
- Ampelamananisy ;
- Zavavirano.
Les Zazavavindrano et leur personnalité
Les filles de l’eau ou les Zazavavindrano sont considérées comme les créatrices et les gardiennes de la majorité des espaces aquatiques de Madagascar. Selon les récits, les Zazavavindrano sont bénéfiques :
- Elles purifient l’eau ;
- Elles maintiennent l’équilibre écologique dans le milieu aquatique ;
- Elles multiplient les poissons ;
- Elles aident également les personnes qui les invoquent sous condition de respecter les directives qu’elles imposent, notamment des tabous.
Dans la région Sud-ouest de Madagascar, les sirènes ou les Zazavavindrano seraient à l’origine d’un certain peuple : le peuple Masianaka. L’histoire raconte que ce peuple est le fruit de l’amour entre une Zazavavindrano appelé Rakembarano et un pécheur nommé Rahofo. Dans cette région, le village vit de la pêche et les générations de pêcheurs se succèdent.
Un jour qu’il péchait dans le fleuve, Rahofo attrape dans ses filets une Zazavavindrano. Rahofo et Rakembarano tombèrent amoureux et eurent des enfants. La sirène quitte alors son territoire aquatique et rejoint son bien-aimé. Au fil des années, les amoureux finissent par se déchirer. Une nuit après une dispute, la sirène quitta la maison et emmena ses enfants pour plonger au fond des eaux sombres du fleuve. Malheureusement, l’un de ses fils manque d’air et finit par remonter à la surface. Selon l’histoire, ce fils est l’ancêtre de la tribu Masianaka dans la région Sud de Madagascar.
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Depuis toujours, les peuples Masianaka observent un rituel qui consiste à rendre hommage à la sirène génitrice du peuple et à la nourrir. Toujours selon les récits, la Zazavavindrano est toujours vivante et vit cachée sous les rochers. Des hommes forts sont choisis pour déposer le repas ou le « Soroba » de la sirène sur un rocher. Le repas est à base de riz bouilli appelé « vary sosoa » dans le dialecte local, accompagné de poisson.
Les festivités durent trois jours pendant lesquels le peuple mange, chante et danse. Des activités telles que les courses de pirogues sont également à l’honneur.
Si certaines croyances considèrent les Zazavavindrano comme étant des esprits maléfiques, pour le peuple Masianaka du Sud de Madagascar, elles sont bienveillantes et demeurent le lien entre les hommes et l’au-delà.