Le Kabary Malagasy, l’art oratoire de la Grande île

En étant des as de la philosophie orale, les Malagasy pouvaient s’afficher parmi les premiers de la liste. Et même, s’il existait les prix Nobel de ce domaine il y a des siècles, on peut dire que les peuples de la Grande île auraient raflé tous ses concurrents. Sans s’en vanter, les « Mpikabary » ou orateurs sont des meilleurs artistes qui étalent ses arts culturels à travers des discours. À la plupart des cas, le « Kabary » se fait sous forme de dialogue. Durant ces discours traditionnels, les orateurs utilisent des proverbes accompagnés des divers jeux de mots, ce qui rend les échanges de paroles très passionnants. D’autant plus, selon les coutumes, aucune répétition n’est autorisée. Le pire c’est qu’on peut se faire perdre la face devant les assistants et son émule.
Définition et historique du Kabary Malagasy
Le « Kabary » est avant tout un art qui se présente sous forme d’un discours poétique proféré devant des spectateurs. Il consiste en général à exprimer des pensées ou des valeurs inspirées des faits réels. Le contenu est composé de maxime, des proverbes, de divers jeux de mots, des figures rhétoriques et par-dessus tout ce style oratoire rituel est très structuré.
Auparavant, les Kabary étaient utilisés par les dirigeants pour faire passer des messages importants aux communautés comme les décisions administratives ou les évènements sociaux. Mais au fil du temps, cet art s’est aussi utilisé par les peuples pour se communiquer. Pour la première fois, cet art avait fait son apparition au sein des communautés dans des évènements sociaux. Et depuis, le Kabary était devenu un élément important et indissociable de la vie courante des Malagasy. En effet, que ce soit des funérailles, des festivités, des cérémonies ou même des manifestations populaires, l’indémodable art oratoire s’accompagne toujours à ces évènements. Pratiquement, cet art traditionnel se fait en général par deux orateurs et sous forme de dialogue devant un public. Dans certains cas, ces discours peuvent durer quelques heures, mais par exemple pendant les discours funéraires, le Kabary est plutôt simplifié et ne dure que quelques dizaines de minutes. Autrefois, il se fait pratiquer par des hommes âgés et surtout d’un niveau social élevé, mais à présent, ces règles se sont divulguées et vous pouvez constater des femmes et des jeunes qui le pratiquent. Au niveau des familles, cet art traditionnel contribue à la cohésion de chaque membre de famille qui participe à la présentation. Mais dans un domaine public, il consiste au renfort des relations entre les communautés et les groupes.
Le rôle du Kabary pour les Malagasy
Dans le pays Malagasy, n’importe quelles cérémonies et évènement se fait assaisonner et surtout commencer par le fameux art oratoire « Kabary ». Pour ce cas, les « Mpikabary » doivent être fort loquaces quand on leur donne la parole. Les discours et échange de savoir entre les deux orateurs peuvent prendre plusieurs heures. Toutefois, ils ne discutent jamais dans le vide et ne se mettent pas hors sujet par rapport aux thèmes. Ils se servent de plusieurs proverbes et citations ainsi que des expressions recherchées afin d’étaler leurs arts de converse et surtout ses savoir-faire. Le but de cette confrontation est en général de défendre l’honneur de l’orateur en personne et aussi celui des personnes qu’il représente. Il se trouve donc qu’aucun dérapage n’est permis.
L’éducation des jeunes avec le Kabary
Pour les Malagasy, les savoirs, les instructions et aussi les traditions se font transmettre de bouche à oreille et de père en fils à travers des proverbes, des contes et surtout du Kabary. La plupart des adultes malagasy de toutes catégories disposent d’une haute habilité d’analyse des faits et surtout des dissertations concernant leurs vies de tous les jours.
À l’origine, ce sont les dialogues communautaires sous de grands arbres et des causeries vespérales entre des générations différentes qui ont confectionné les Malagasy à faire du Kabary. Dans la plupart des tribus Malagasy, cette occasion se présente en moyenne toutes les semaines. À cette époque, les patriarches de la communauté apprennent aux jeunes le savoir-faire pour le choix des mots à employer, les proverbes à utiliser ainsi que les expressions pour chaque circonstance. C’est parce que pour les Malagasy, chaque geste a une signification mûrement pensée.
Toutefois, quand les orateurs se respectent, cela veut dire qu’ils sont parfaitement persuasifs. Aussi, les bonnes « Mpikabary » savent mesurer ses propos sans offenser quiconque. D’un autre côté, l’orateur ne doit jamais se dérailler du sujet pour ne pas se faire perdre la face.

Le Mpikabary
Pour les Malagasy, à l’origine, être Mpikabary est destiné pour les hommes. Et parfois, ce dernier qui ne sait pas s’exprimer devant des publics est grotesque. C’est parce qu’à n’importe quel évènement (cérémonie ou juste une réunion), on donne toujours la parole à la personne le plus âgée de sexe masculin. Toutefois, à Madagascar, les sexes féminins sont destinés à se taire lors d’un discours. Parfois, celle qui prend la parole est traitée comme une poule qui cancane ou dit « Akohovavymaneno ».
Au fil du temps, ces règles se sont atténuées. À présent, l’amour de cet art s’est beaucoup développé chez les personnes moins âgées et surtout les gens de sexe féminin. C’est pour cela qu’on peut constater qu’en ce moment, il existe plusieurs orateurs et oratrices de différents âges à Madagascar.